Monflanquin

La Bastide de Monflanquin                    10 mai 2016

Départ pour le Lot et Garonne, avec le beau temps, auquel personne ne croyait la veille.
A Marmande nous laissons l’autoroute pour parcourir la campagne Lot et Garonnaise, ses collines, ses maisons entourées de cyprès qui lui donnent un air de Toscane, sa mosaïque de champs et toute la palette de vert que peut offrir la nature au printemps ( nous fermons les yeux devant le plastique des serres ! ). De  loin en loin des champs en jachère fleuris mais peu nombreux car la terre est généreuse et peut nourrir la France de tous les légumes possibles, de ses fruits ( n’oublions pas les pruneaux!) et  de ses étendues de blé et autres céréales ! Les routes sont étroites et sinueuses et la vitesse réduite nous permet d’admirer tout cela avec bonheur !

De loin nous apercevons Monflanquin sur sa butte.
Le panorama vu du Cap del Puech est magnifique car le soleil est là ! La perspective est large et nous voyons au loin le Château de Biron, fief de la maison des Caumont, et la Lède qui brille.

 
Notre guide Janouille se présente comme un des bâtards d’Henri de Navarre (on ne prête qu’aux riches) ; il nous conte en vieux françois l’histoire de « Monflanqui ». Sa faconde, ses anecdotes, sa façon de faire participer le groupe aux reconstitutions des temps lointains où Plantagenet et comtes de Toulouse régnaient sur ce pays, sont appréciés de tout le monde.


Qu’est-ce qu’une Bastide ?
Toutes les bastides construites dans le sud datent des XII et XIII ème siècles.

Elles répondent à la nécessité de faciliter le commerce, donc la levée des impôts  – déjà – et de permettre une administration regroupée dans un seul lieu.
Pour cela Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis fait bâtir de nouvelles cités, dont Monflanquin.
Toutes les bastides ont même plan d’urbanisme dirait-on maintenant :
une place centrale où débouchent quatre rues charretières venant de quatre portes ouvertes sur la campagne.
Au centre de cette place, une halle de commerce et au-dessus le Baille qui gère la cité, en particulier les taxes, la jurade ( essai de démocratie) ; à Monflanquin, cette halle disparaît au XVIIème siècle.
Les arcades sont ajoutées plus tard pour agrandir les espaces de commerces. 

Les maisons sont implantées entre des « carrerots » plus étroits mais perpendiculaires ou parallèles aux rues principales et sont séparées les unes des autres par des andrones. Ces andrones  ont plusieurs usages : éviter les incendies des maisons de bois, écoulement des eaux de pluie et immondices sortant des « pontets » (toilettes modernes) ; les débouchés sur le sol sont explicites!!

Un peu de l’histoire mouvementée de Monflanquin :
En 1252, Guillaume Amanieu, seigneur de Calviac, cède la montagne de Monflanquin, sans paréages, à Alphonse de Poitiers. En 1256, ce dernier commence la fondation de la bastide. En 1269, la charte de fondation est confirmée.
À la mort d’Alphonse de Poitiers après son épouse, Jeanne, fille de Raymond VII, sans héritier, ses terres entrent dans le domaine royal de Philippe III (neveu d’Alphonse). Henri III d’Angleterre réclame
«  l’Agenais et autres territoires ». Il en résulte une série de guerres entre cousins  car tout ce beau monde se marie «entre soi »  mais ne rate pas une occasion de s’entretuer  et cela  débouche sur ce que l’on nomme guerre de cent ans qui cessera en 1453 avec la défaite anglaise à Castillon !
En 1279, Monflanquin devient un des douze bailliages de l’Agenais.
L’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, rend visite à la ville en 1304. Il est élu pape l’année suivante sous le nom de Clément V. La bastide étant passée dans la mouvance anglaise, le roi Edouard III confirme les privilèges de la ville en 1318. En 1374, les habitants de Monflanquin aident l’armée du roi de France qui se dirige vers Tonneins pour chasser les Anglais de l’Agenais.

Durant les guerres de religions, catholiques et protestants se massacrèrent avec ardeur.
Le 31 août 1574, Guy de Montferrand, seigneur de Langoiran, gouverneur du Périgord « pour ceux de la religion réformée » et Geoffroy de Vivans prirent avec leurs 2000 hommes la ville et firent prisonniers 125 gentilshommes.


Tout ceci nous est conté avec la verve imagée de Janouille, ce qui rend le récit plaisant et très vivant !

De nos jours
Le village est partagé,  temple protestant dans l’ancienne chapelle des Augustins et église catholique St André, fondée entre 1250 et 1290 et classée monument historique en 1925.
L’église de style gothique méridional est implantée un peu à l’écart très certainement pour affirmer la suprématie du civil sur le religieux! Sa voute de brique est magnifique ainsi que sa façade fortifiée du XV siècle, elle possède un très beau tympan.
La seule maison classée est celle où le prince noir aurait séjourné pendant la guerre cent ans. Elle est remarquable par sa hauteur, la blancheur de ses pierres et ses fenêtres à remplage. 

 Le temps passe et il nous faut quitter Monflanquin et Janouille !
Direction le restaurant  car tout le monde a faim ; le café suivi du pruneau à l’eau de vie a eu un  succès mérité!

Nous embarquons à Fourques sur Garonne pour une promenade sur le canal latéral à la  Garonne. Construit entre 1838 et 1856 entre Toulouse et Castets en Dorthe pour compléter le Canal du Midi, ce qui évite le passage par Gibraltar.
Notre guide fait revivre l’activité intense des bateaux transportant l’équivalent de 10 camions, le halage par les hommes, chevaux, le passage des  écluses manœuvrées à la force des bras !
Nous passons une écluse mais gérée maintenant par ordinateur ! Paul Pierre Riquet ne reconnaitrait pas l’œuvre à laquelle il a consacré sa vie et sa fortune mais nous sommes séduits par le calme de ses berges, par les iris jaunes et les arômes en pleine floraison !
L’eau semble verte mais ce n’est qu’une impression donnée par le fond peu profond (entre 80 cm et 1 m) mais les pêcheurs  y trouvent perches et surtout anguilles ; les oiseaux sont nombreux  martins pêcheurs y compris !
Pour faciliter le passage d’une berge à l’autre, de nombreux ponts et sept ponts canaux permettent de franchir la Garonne.
Le canal est alimenté par des prises d’eau à Toulouse et à Agen et relié au Tarn, à la Baise et au Lot par des canaux de différentes longueurs. Les chemins de halage sont maintenant pistes cyclables et permettent aux amateurs de voir séchoirs à tabac, corps de ferme restaurés, sans oublier la maison d’éclusier à Bassanne !


Nous terminons la balade enchantés et reprenons la direction de Bordeaux, encore de bons souvenirs à ajouter à notre galerie déjà riche.

Ces  moments de convivialité et d’amitié  font oublier les tracas de la vie, les articulations qui craquent de temps en temps, des muscles moins souples etc…

Remercions Michelle  qui se donne bien du mal pour nous et Jackye qui nous « prête sa plume ».