échoppes, Sacré Cœur, cimetière israélite

Le quartier Nansouty, les échoppes, le Sacré Cœur, le cimetière israélite.                                                               7 juin 2016

Le développement du quartier à la fin du 19ème siècle est dû au chemin de fer.
Les échoppes ont été construites en premier pour les employés du chemin de fer, avec différents standings selon que les maisons étaient destinées aux ouvriers ou aux cadres.
L’échoppe bordelaise :
C’est une maison d’habitation à l’horizontale avec un seul étage principal mais avec possibilité de grenier et de sous-sol ; elle est en pierre et peut être simple ou double, elle a un petit jardin à l’arrière.
Entre 1850 et 1914, de nombreuses personnes originaires de la campagne viennent travailler à Bordeaux. Le petit jardin permet après le travail de retrouver un peu de campagne, d’avoir des légumes, le patronat préfère voir ses employés cultiver au calme plutôt que fréquenter les cafés.
Les employés du chemin de fer ont bénéficié de prêts de l’économat de leur société.
L’échoppe simple a une porte d’entrée latérale donnant sur un couloir et une ou deux fenêtres.
L’échoppe double a une porte au milieu et une ou deux fenêtres de chaque côté.
En 1841 Bordeaux comptait 100 000 habitants
En 1872      «              «         174 000      «
En 1914       «             «          260 000      «
L’activité portuaire et commerciale y est intense.

La ligne de chemin de fer Bordeaux La Teste est la première créée ; la première gare de Bordeaux date de 1852 et se situe à La Bastide, c’est le terminus de la ligne Orléans Bordeaux. La passerelle n’existant pas encore, les passagers traversaient la Garonne par le pont ou les navettes et prenaient les lignes vers le sud à la gare en bois qui venait d’être construite dans le quartier St Jean en 1850. La passerelle St Jean est construite par Gustave Eiffel en 1860(c’est son premier ouvrage majeur) ; de 1891 à 1899 on édifie la gare St Jean.
Le quartier est habité par une population laborieuse qui travaille en 3/8 ; les employés étaient propriétaires de leur habitat, généralement sobres car ils désiraient que leurs enfants soient également embauchés aux chemins de fer, ils avaient le charbon à prix réduit et le faisaient verser dans les caves par les fenêtres au ras du trottoir.
Le quartier n’a pas de bistrot et l’entrée de cave servait aussi à faire entrer le quart de vin.


Aux carrefours, pas d’angle vif mais soit des pans coupés soit des arrondis (voir croisement rues Furtado avec Fieffé et Francin).
De nombreuses écoles dans ce quartier : rue Fieffé, école de filles à la façade 1900, collège Aliénor d’Aquitaine, école maternelle créée pendant la guerre de 14 car les femmes ont commencé à travailler, école de garçons rue Francin et école privée.

Rue Billaudel  :  constructeur du Pont de Pierre, associé à Deschamps.
Rue Francin :
n° 65, maison à voir,
n° 98, décor en quart de rond avec feuilles d’acanthe,
n° 100 hôtel particulier dont les piliers portent des armoiries,
n°109 médaillons, guirlandes de style louis XVI, urne au-dessus de la porte avec guirlande de feuilles de chêne.

Rue Fieffé :
n° 91, cannelures, arc de cercle au-dessus de la porte et 2 cheminées,
la maison du n°96 est simple mais belle,
n° 99 très belle échoppe double avec un cartouche cuir découpé, guirlandes de branchages, tours de fenêtres décorés, console au-dessus de la porte,
n°103 et 105 très jolies façades avec pilastres cannelés, moulures, cartouche au-dessus des portes et fenêtres avec fleurs et fruits.
Rue de Bègles : on trouve les premiers magasins, cette rue est antérieure au quartier Francin/Fieffé.
Rue Kyrié :

n°15 échoppe simple avec 2 mascarons style 18ème siècle.
n° 20 et 22 on peut voir 11 têtes sous la corniche avec feuillage et palmettes.
Rue de Galard :

secteur sauvegardé avec pavé d’origine ; la rue est en pente légère, du côté pair environ 25 échoppes disposées en escalier 2 par 2 pour compenser la pente de la rue.
n°5 très belle échoppe cossue avec cornes d’abondance, feuilles de chêne et palmettes.
Voir aussi les n° 7, 9 et 11.

Le Sacré Cœur
Cette monumentale église a été construite sur demande du cardinal Donnet de 1872 à 1882.
Le cardinal Donnet a été archevêque de Bordeaux pendant 46 ans et a fait construire de nombreuses églises surdimensionnées comme St Ferdinand rue Fondaudège, St Louis quartier des Chartrons, Branne avec ses deux tours fléchées, Arcachon St Ferdinand.
C’est une période de grande dévotion au sacré cœur et à la vierge après la défaite de Sedan.
L’église du Sacré Cœur possède une large nef, des bas cotés imposants et un vaste chœur.


Elle est très éclairée, les vitraux sont du maître verrier  Henri Feur, de teinte pastel dans la nef et le transept, la rosace au dessus de la porte d’entrée est très belle.
On peut y voir d’étranges bannières de dévotion dans la chapelle comme « les cheminotes du Sacré Cœur en 1917 »
L’édifice est tout en pierre, la façade à arcs romans avec 2 flèches hautes de 70 mètres, aux bulbes arrondis et 2 horloges, l’une de 12 heures et l’autre de 24 heures pour rappeler le travail en 3/8.
Rue Buchou : n°1 le presbytère, habitation du curé de paroisse et n° 3 l’habitat du vicaire ; ces deux maisons ont un bord de toit à l’arcachonnaise en bois découpé.
Les rues sont larges et il n’y a pas encore de garage.

Cimetières israélites de Bordeaux :
Bordeaux possède 3 cimetières israélites.
Ceux du cours de la Marne et du cours de l’Yser abritent les sépultures des familles appartenant à la colonie juive d’origine portugaise ; celui de la rue Sauteyron abrite les tombes des juifs avignonnais.
Par arrêté en date du 25 septembre 1995, ils sont inscrits tous les trois sur la liste des Monuments Historiques (murs de clôture, porte d’entrée, sol, sous-sol).

Les premiers cimetières juifs de Bordeaux :
A l’origine, ils étaient implantés en dehors de la ville ; le plus ancien se trouvait dans le faubourg St Seurin, près du mont Judaïque.

Au Moyen-Age, les familles devaient signaler le décès d’un de ses membres à l’hôtel de ville. Son nom était alors inscrit sur un registre. Pour pouvoir inhumer ses défunts, la communauté juive devait payer une redevance annuelle de 8 livres de poivre ou d’épices à l’archevêché de Bordeaux.
Après le XVème siècle, les juifs convertis, originaires d’Espagne et du Portugal, eurent le droit d’enterrer leurs morts dans les cimetières des couvents des Augustins, des Carmes et des Cordeliers. Les obsèques devaient être célébrées après le coucher du soleil.

Caractéristiques des cimetières israélites :
L’inhumation se fait en pleine terre.

Les tombeaux se présentent sous forme de dalles rectangulaires orientées et posées sur deux ou quatre pierres abritant un seul corps (parfois un couple). Des épitaphes en espagnol, portugais ou hébreu y sont gravées, accompagnées de symboles religieux (étoile de David, chandelier à sept branches, cœur).
A partir du milieu du XIXème siècle, des stèles en forme de Table de la Loi, des cénotaphes en parallélépipèdes et des sarcophages sont utilisés.
Les tombes en forme de prisme renferment les corps des rabbins ou de personnes importantes de la communauté.

Cimetière des juifs portugais, 105 cours de la Marne :
En 1724, David Gradis, président de la communauté juive portugaise, important négociant et armateur de la ville, achète pour 6300 livres, une maison avec jardin ceinturée de murailles, hors les murs de la ville sur la paroisse Sainte Croix.

En 1728, il cède « purement et simplement et pour toujours, en faveur de la communauté de la nation portugaise… » ; ce terrain sera utilisé pour inhumer les morts de la communauté jusqu’à la Révolution.
La plus ancienne tombe, celle d’Ishac Pérés date de mars 1725, la dernière, celle de David Lameyra est du 29 octobre 1788. Par manque de place, la communauté cherche un autre emplacement.
Ce cimetière, désaffecté, a failli disparaître en 1911.
Contigu des immeubles logeant le 58ème d’artillerie, le ministère de la guerre qui veut agrandir ce lieu, réclame et obtient l’expropriation du tiers du terrain du cimetière. Le Consistoire, obligé d’accepter cette décision, récupère les ossements des défunts reposant dans le 269 tombes condamnées à disparaître et les transporte dans le nouveau cimetière du cours de l’Yser.
Les pierres sont rassemblées dans la portion du cimetière non expropriée.
A l’origine, le cimetière était un rectangle de 63 m sur 45m ; il comptait environ 800 tombes.

Cimetière des avignonnais, 49 rue de Sauteyron :
Sa création est liée à l’arrivée à Bordeaux, au début du XVIIIème siècle d’une vingtaine de famille venues d’Avignon. Les commerçants et négociants portugais craignent leur concurrence pour les étoffes et soieries.

Après plusieurs arrêts d’expulsion, des ordonnances royales régularisent leur situation sous condition qu’ils se consacrent au commerce bancaire et maritime.
Ne pouvant enterrer leurs morts dans les cimetières existant, ils achètent un terrain de 300m2.
Les plus anciennes sépultures sont de 1728, les plus récentes de 1805.
Clôturé de hautes murailles, il abrite 104 tombes ; les inscriptions sont en en hébreu, espagnol ou français.

Le second cimetière des juifs portugais, 176 cours de l’Yser :
Il est toujours en usage.
Nos deux groupes ont bénéficié d’une visite accompagnée du guide bénévole de la communauté qui a  enchanté son auditoire de toutes les anecdotes liées aux nombreuses personnalités enterrées en ce lieu.

En 1764, la communauté juive portugaise achète pour 11000 livres une propriété qui accueille aujourd’hui les sépultures des juifs de toutes origines.



Parmi les tombes les plus anciennes, citons celles des deux frères Mendès, décédés les 19 et 20 thermidor de l’an II ; ces tombes de pierre blanche sont celles de tradition juive portugaise.

Le grand rabbin de Bordeaux Joseph Cohen, qui avait échappé aux rafles des nazis, et a officié pendant 56 ans, y est inhumé.
Pauline et Hans Herzl, les enfants de Théodor Herzl, fondateur du sionisme moderne y étaient enterrés ; en 2006 leurs corps exhumés ont été transportés en Israël et enterrés sur le mont Herzl à Jérusalem.
Parmi les tombes des familles de juifs d’origine portugaise, nous pouvons citer quelques noms connus : Molina, Raba, Cardoze, Léon, Simon, Dacosta, Moline, Mendes France, et bien d’autres encore.
Une allée est occupée par l’importante dynastie Gradis qui joua un rôle très important depuis l’arrivée du Portugal de Diégo Gradis en 1685.
Un monument en forme de prisme est érigé en l’honneur du grand rabbin David Athias à la demande de son neveu M Ifflat, dit Osiris, né rue Ste Catherine dans notre ville et à qui nous devons entre autres la rénovation du château de Malmaison, la création de l’école d’œnologie du château de la Tour Blanche, le financement de nombreuses synagogues dont celles d’Arcachon, de la rue Buffault à Paris, à Bordeaux la création du bateau soupe, des fontaines Wallace…..
On trouve quelques noms de familles de juifs avignonnais.
Le  XXème siècle a vu l’arrivée par vagues successives, en raison des guerres et pogroms, de juifs Ashkénazes d’Europe Centrale puis de juifs Séfarades d’Afrique du Nord.
Les tombes plus récentes sont en marbre, les inscriptions dans la pierre résistant mal aux mousses et maladies de la pierre.

Photos Jean Noel.

Organisation et récit Annie Charlier.