Palais Gallien

Le Palais Gallien : les vestiges du Bordeaux Gallo-romain

Un peu d’Histoire de Bordeaux :

La conquête romaine en Aquitaine s’est faite d’une façon « douce » en 56 avant JC.
Le lieutenant de César, Crassus conquiert l’Aquitaine sans difficulté ; on peut rappeler que déjà les celtes faisaient du commerce avec les romains et la pacification s’est déroulée assez vite, les romains deviennent gallo-romains sans heurts.
D’après les écrits de Virgile, les légions romaines après leur victoire, obtiennent les meilleures terres agricoles appelées centuries, où ils cultivent du blé, des vignes : les vétérans s’installent. Les romains se fondent dans la population, il y a romanisation des dieux celtiques :  les romains n’essaient pas de convertir les populations colonisées à leur religion mais au contraire, ils ajoutent à leurs Dieux ceux des  contrées nouvellement conquises.

La bourgade dont l’histoire nous transmettra le nom latin de Burdigala connaît alors un développement remarquable. Du 1er au 3ème siècle, libre de toute enceinte, la ville étend ses rues selon un quadrillage rigoureux. On y construit des monuments, un vaste amphithéâtre (le palais Gallien) et le temple des Piliers de Tutelle ; la ville possède alors des thermes, un marché, un port, des aqueducs, des fontaines, un réseau d’égouts. Elle accueille jusqu’à 25000 habitants.

La Pax Romana dura 400 ans, ce qui est essentiel pour le développement extraordinaire du patrimoine architectural. Nous gardons encore tellement de vestiges de cette civilisation.
Essayons d’imaginer que notre pays n’ait connu aucune guerre depuis la mort d’Henri IV !!

Le Palais Gallien :

Ce n’est pas un palais et cela n’a rien à voir avec Gallien. Certains disent que ce nom a été donné par l’empereur Gallien qui régna de 253 à 268, d’autres se réfèrent à la légende de Charlemagne qui aurait construit un palais pour son épouse Galiène ; ces deux attributions sont reconnues comme erronées.
Il s’agit bien d’un amphithéâtre romain dont la structure est de 7 ellipses concentriques, nervurées en 64 travées donnant sur autant d’arcades extérieures. Doté de 2 portes, une à chacun des bouts de l’ellipse c’était une salle de spectacle, comme on en construisait dans toutes les capitales de province où le spectacle avait une importance considérable.
Son diamètre est de 132 m dans la partie la plus grande et 110m dans la partie plus petite, l’arène mesure 70mx47 m ; on y donnait des spectacles de gladiateurs, de théâtre, des concerts de musique, des courses de chevaux avec chars, très dangereuses mais dont les romains raffolaient.


Dans les amphithéâtres on célébrait, en août, le culte de l’empereur. 15 000 personnes pouvaient s’installer dans les gradins en bois (Gd Théâtre = 1600 personnes, le stade Lescure 25 000 personnes assises, le nouveau stade 37 000 spectateurs).
Le monument est constitué de petites pierres sur lit de briques, c’est une architecture tardive qui a bénéficié de l’avancement des techniques. Construction antisismique (sous les romains eurent lieu de grands séismes), lors des tremblements de terre les briques s’écrasent et lient les pierres entre elles en cas de compression.

Le travail architectural est superbe, c’est un jeu de pleins et de vides avec pilastres, très beau linteau au-dessus de la porte centrale. Ce bâtiment est un peu tardif car Burdigala devint capitale après de nombreux découpages, vers l’an 200 sous l’empereur Septime Sévère, originaire de Libye couronné à Burdigala, il favorisa l’introduction des arts orientaux ; avant la capitale régionale fut Saintes au 1er siècle avant JC, puis Poitiers.

La structure de l’édifice est constituée de pierres liées avec du ciment romain, très dur, imputrescible grâce à la poussière de marbre intégrée dans le mortier. Le calibrage des pierres est remarquablement identique.
Il y a également des fondations à ce monument, 6 arcades pas bâties sur voûtes mais sur des systèmes de gradins en poutres.
On peut voir les trous carrés dans les parois qui servaient de points d’appuis aux gradins de bois incendiés lors des invasions barbares aux 6ème   7ème siècles.
L’amphithéâtre laissé à l’abandon devient un refuge de truands et prostituées ; les duels se  déroulaient dans ce quartier de Bordeaux  mal famé aux 16ème et 17ème siècles.
Sous la Révolution, il devient carrière publique ; nous en trouvons des traces dans tout le quartier.
Le tracé de l’amphithéâtre est bien visible sur les photos aériennes et le  cadastre.
Rue du Colisée : Nous sommes du joli côté du Palais Gallien. Il y avait 1 gros mur qui faisait la terminaison de la partie spectateur. Une énorme rigole canalisait les eaux et égouttait aussi l’arène  légèrement bombée.
Les murs ont été réutilisés, exemple rue de Sansas où on peut bien voir une arche intégrée dans le mur, de même que l’immeuble à l’angle de la rue du Colisée et de la place Galiene.
Place Galiene très jolie placette voir la plaque sur la légende et inscriptions en latin sur les marches.
En haut, vestiges des murs de l’amphithéâtre en terrasse.

Ce quartier, construit sur l’emplacement de l’amphithéâtre, possède de nombreuses belles maisons en pierre de Bordeaux, ornées de balcons de fer forgé, était le quartier des architectes.

A l’angle des rues du Colisée et Émile Fourcand, s’élève la demeure atelier de l’architecte Jean-Jacques Valleton. La façade rue du Colisée est décorée de frises de carreaux de céramique ; de grandes baies, orientées au nord éclairent les ateliers d’architecte. La façade rue Fourcand est plus sophistiquée : sur une colonne, une femme drapée à l’antique porte dans son bras gauche une église à coupole et dans l’autre un compas. Cette allégorie de l’architecture est présentée comme l’enseigne de l’activité professionnelle du propriétaire. Tout autour, les détails de la façade disent le savoir-faire de cet architecte admirateur de Violet le Duc et Abadie ; à remarquer l’encoignure avec jardinet, la cheminée : un chef d’œuvre d’architecture.
Rue Émile Fourcand, résidait Jacques Chaban Delmas.

Le marché de Lerme :

L’origine du quartier de Lerme remonte à la Révolution, quand St Seurin perdit ses biens et le Palais Gallien fut vendu. Une petite place circulaire fut alors crée et prit le nom d’une ancienne famille résidant le quartier: Lerm ou Delerm.

Au second empire, construction d’un marché couvert, réalisée selon les plans de l’architecte Charles Burguet en 1867, avec une structure innovante composée de fonte, de zinc et de vitres.
Après avoir été un lieu d’expression artistique au XIXe siècle, puis un marché de fruits et légumes comme nos contemporains l’ont connu, et enfin un espace désaffecté, le Marché de Lerme débute désormais une troisième vie, en redevenant un lieu dédié à la culture.

Aujourd’hui, ce lieu a retrouvé toute son élégance, toute sa transparence », s’est félicité Alain Juppé, lors de l’inauguration en 2011.
Le maire de Bordeaux s’est dit « particulièrement heureux » de la réalisation de ce projet, « un peu à la manière des halles des Chartrons ». Coût de l’opération : un million d’euros.
Car le chantier était de taille. Lieu populaire par excellence au 19 ème siècle, il s’était vite imposé comme un élément majeur de la vie du quartier de Saint-Seurin à Fondaudège. Mais au fil des années, la structure métallique avait été négligée, puis abandonnée, jusqu’à être recouverte d’une épaisse couche de béton.

Une rénovation de grande ampleur (18 mois) a permis de casser la vilaine coque de béton qui couvrait la belle armature en fonte qui faisait tout le charme du bâtiment. Celle-ci est de nouveau visible pour le plus grand plaisir des yeux. Les étals en marbre d’époque ont également été réinstallés.


L’alphabet sur les murs
Le printemps agréable nous invite à flâner jusqu’à cet immeuble bien connu des bordelais, construit par l’architecte Thiac, qui abrita longtemps nos policiers et avant eux l’institution des sourdes muettes. Les murs de la façade sur cour, rue Abbé de l’Epée, portent sur 24 panneaux les symboles sculptés de l’alphabet pour sourd muets, inventé par Rodrigues-Perieire. La statue de l’abbé de l’Epée, renommé pour son travail sur le langage des signes, tient un rouleau sur lequel sont inscrites les lettres A et B, pour l’identifier phonétiquement.
Mais me direz-vous l’alphabet comporte 26 lettres…..en effet le W et le Z manquent à l’appel.

Photos Alain Caminade

Organisation et récit Annie Charlier.